Les caves à alcôves

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Lena avait presque eu un sourire cynique en entendant le discours de Manu, sa colère lui enlevait sa conscience et l’animal en elle reprenait sa place. Elle ne le regarda pas s’éloigner, elle s’en fichait, pourquoi se laissait-elle dominer par ses sentiments auparavant, seul sa survie comptait, avec ou sans les autres. Le félin parlait, l’humain n’existait plus.

Cependant le souvenir de l’accident lui revenant en mémoire, Lena reprit peu à peu conscience de sa situation et retrouvant ses sensations d’être humain, elle s’interrogea, certes cet homme qu’elle avait connu enfant méritait son sort mais les paroles qu’elle lui avait adressé étaient exagérées, il lui avait quand même sauvé la vie !

Elle s’arrêta de marcher, en proie au remords, même à bout d’énergie il s’était traîné dehors pour voir si elle n’avait rien, comment avait-elle pu croire qu’il se moquait d’elle.

Elle fit demi-tour, courant presque, prête à s’excuser malgré sa fierté, oui, elle devait lui demander pardon.

Elle arriva à l’immeuble, grimpa les escaliers et surprise, découvrit la porte de l’appartement ouverte et lui-même vide, il n’était pas là. Un sombre pressentiment l’envahit tandis qu’elle grimpait sur le toit pour le chercher du haut de la ville, elle y passerait la nuit mais elle le retrouverait.

Elle sautait de toits en toits, fouillant du son regard de chat l’obscurité, guettant à l’oreille la voix de son binôme, il ne pouvait pas être loin dans son état.

Lena aperçu enfin Manu qui se traînait de ruelles sombres vers d’autres encore plus sombres, tombant de fatigue à chaque pas, il s’arrêta enfin devant une cave d’où une fumée odorante s’échappait, cette odeur, elle la reconnu sans peine, l’opium, drogue de l’oubli. Elle ne pouvait pas laisser Manu en prendre, qui sait ce que ce produit aurait comme effet sur lui, surtout qu’il possédait des pouvoirs psychiques.

Elle se situait sur le toit d’à côté, un toit en tuiles, d’où elle pouvait voir la scène. Elle devait l’empêcher d’entrer, promenant son regard autour d’elle en quête d’une idée, elle saisit une des nombreuses petites pierres qui se trouvaient sur le toit en lança une dans sa direction, juste devant son visage.

Il s’arrêta, étonné de voir ce caillou lui passer devant le nez, et essayant d’avancer de nouveau, en reçu un autre qui le frôla. Il tourna la tête vers la gauche et quelques secondes après, un homme apparut au bout de la ruelle, qui le rejoignit pour lui demander ce qu’il voulait, suite à quoi, il soutint un Manu épuisé pour le porter à l’intérieur de la fumerie. Lena, paniquée à l’idée de le voir entrer la dedans, lança une pierre en plein sur le front de l’homme qui s’écroula en gémissant, l’arcade sourcilière en sang. A chaque jet de pierre elle s’aplatissait sur le toit, ne jetant un coup d’œil à la scène que lorsqu’elle entendait parler.

Manu qui cherchait la source de ces attaques, semblait guetter des bruits dans la rue et soudain il tourna de nouveau la tête vers la gauche, peu de temps après un clochard apparut, ce dernier se mit à insulter l’enfant azur, il était visiblement ivre et en manque. Manu, dont la force physique flanchait plus que fortement, saisit le clochard comme il put, son regard se renforçant de plus belle et lui déclara :

« Ta gueule, c’est pas parce que ta femme t’a quitté que tu dois faire chier, de toute façons t’a pas de volonté alors casse toi ! »

Lena, stupéfaite, comprit que Manu pouvait lire les pensées, en fait il ne guettait pas les bruits mais les pensées, ce qui expliquait son comportement de l’après midi, elle sentit sa colère revenir, il n’avait pas dû se gêner avec elle.

Pendant ce temps, écroulé au sol à nouveau par cet effort de son esprit, il avait sortit son portable et appelé quelqu’un de sa connaissance pour qu’il l’aide à pénétrer dans le bâtiment. Lena réfléchissait à toute allure, cherchant un moyen de l’éloigner de cet endroit.

Un homme à l’air louche sortit de la cave, accompagné de 5 hommes de main et entreprit de faire rentrer Manu qui s’appuyait sur lui, de le voir dans cet état décupla la culpabilité et la rage de Lena, jamais elle ne laisserait entrer. Désespérée, elle envoya de nouveau un caillou qui toucha son binôme aux tempes faisant couler son sang et alertant ses compagnons qui se dispersèrent autour de lui pendant que Manu, soutenu, entrait dans la cave.

Lena sentit la fureur grandir en elle, ses yeux se fendirent en amande, ses lèvres se retroussèrent légèrement, accroupie sur le toit, elle bondit sur le cercle d’humain sous elle, atterrissant sur l’un d’entre eux qui s’écroula sous le choc. Stupéfaits, les autres mirent un petit moment à réagir et ce fut leur perte, la bête humaine, se déplaçant à une vitesse ahurissante, tellement vite qu’on avait l’impression qu’elle se téléportait d’un endroit à l’autre, frappant de sa griffe acérée, tranchant les gorges de ses pauvres proies, incapables de bouger et de se défendre. Son carnage achevé, elle s’arrêta épuisée, haletante par l’effort qu’elle avait fourni, les cadavres des hommes étalés autour d’elle sur le sol écarlate.

Elle entra dans la cave, les sens aux aguets afin de déterminer où Manu se trouvait, se cachant dans les nombreux recoins des couloirs pour éviter les gens. Son oreille affûtée distingua enfin la voix de son binôme qui semblait venir d’une alcôve au détour d’un corridor et elle se dirigea lentement vers lui, rasant les murs pour éviter de se faire repérer. Arrivée devant la petite chambre, ses yeux perçants distinguèrent une grande pipe à opium, une couchette et dessus Manu allongé, l’odeur entêtante avait envahit la petite pièce. Elle se dirigea vers lui et le regarda, les yeux fermés, il semblait ailleurs, déconnecté du monde, impossible elle ne pouvait pas le laisser là, quand il se réveillerait, la folie s’emparerait de lui, elle connaissait parfaitement cette drogue pour en avoir vu les effets dévastateurs.

Elle lui saisit les deux mains pour l’empêcher de lui envoyer un choc s’il se réveillait et la découvrait, puis elle le hissa sur son dos, refusant de ployer sous son poids, elle savait sa force plus importante que la moyenne et refusait de le laisser là, elle lui en voulait mais la discussion aurait lieu une fois à l’abris des pouvoirs dévastateurs de son compagnon.

Elle avançait, consciente de la responsabilité qu’elle prenait en emportant Manu et brusquement s’arrêta, l’oreille tendue, elle avait perçu de nombreux bruits de pas qui parcouraient en courant les couloirs, elle était repérée. Elle se maudit intérieurement, comprenant que l’homme qu’elle avait croisé avant devant l’alcôve avait du donner l’alerte. Il ne lui restait qu’une seule solution, passer par les toits, l’entrée de la cave était condamnée, elle avança, cherchant des escaliers qui lui permettraient de s’enfuir. Elle avançait en longeant les murs, grimpant tous les escaliers qu’elle croisait et enfin parvint jusqu’à une trappe qui annonçait le toit. Elle sortit, toujours son fardeau sur le dos, dans l’air rafraîchissant et purifié de la nuit et se dirigea vers un des rebords pour bondir sur le toit voisin, c’est alors que des cris retentirent :

« Elle est sur le toit, attrapez la »

Paniquée en entendant les nombreux bruits de pas dans la rue en contrebas, elle se pencha et les aperçu, au moins une vingtaine et, incroyable, lourdement armés, des mitraillettes et des pistolets. Elle senti la sueur perler sur son front et se rabattit brusquement sur le toit pour éviter une première slave, elle connaissait ses armes suffisamment pour savoir qu’elle n’avait aucune chance face à elles.

L’adrénaline l’envahit et la bête en elle surgit, elle courut, bondit jusqu’au toit suivant, couru encore, sautant de toits en toits malgré le bruit des voitures de ses poursuivants qui se rapprochaient, elle ne souciait plus de la fatigue qui s’abattait sur elle, courant pour sauver sa peau et celle de son compagnon. Elle s’arrêta soudain devant le vide, en face d’elle, le toit était beaucoup trop loin pour qu’elle puisse sauter, elle fit rapidement le tour de la terrasse où elle se trouvait, comprenant qu’elle ne pourrait pas s’enfuir avec Manu quand elle entendit :

« Elle est là, montez sur le toit, elle ne peut pas s’enfuir »

Lena prit rapidement une décision, posa son fardeau toujours inconscient dans un coin d’ombre et se dirigea vers la seule entrée accessible au toit, elle se tapit là, attendant les hommes.
Le premier qui passa la trappe fut égorgé sans comprendre pourquoi ni ce qui lui était arrivé, et bientôt sur le toit une véritable bataille s’engagea, les tueurs se gênant mutuellement à cause de l’exiguïté de l’entrée, Lena, se déplaçant trop vite pour que les balles ne la touche, tranchant gorges et autres membres qui passaient à portée de sa griffe. Les hommes ne savaient plus où tirer mais elle se fatiguait après tant d’efforts et une brûlure soudain frappa son bras gauche, elle venait de se faire toucher et battit en retraite dans l’ombre, les tueurs restants, saignants de multiples endroits, cherchant à la localiser avec leurs pauvres yeux d’humains. A côté de Manu, elle s’apprêtait à bondir de nouveau, ne sentant plus sa blessure, tout au combat, mais voyant une ombre bouger à côté d’elle, elle tourna la tête vers Manu qui venait de s’asseoir tant bien que mal et qui la regardait avec stupéfaction.

Lena, surprise d’entendre le son de la voix de Manu, hésita à lui répondre, sachant que ses adversaires risquaient de l’entendre et de leur tirer dessus malgré leurs blessures, mais elle lui répondit pourtant, essayant de contenir la colère qui sourdait en elle :

« Est-ce que tu te rends compte de l’effet que la drogue peut avoir sur toi, avec tes pouvoirs tu ne te contrôlerais plus, ce serait dangereux pour tout le monde mais aussi pour toi. Je refuse de te laisser te droguer, il faut que tu reprennes tes esprits. »

Lena n’avait jamais fait une aussi longue tirade à qui que ce soit mais elle devait faire comprendre à Manu quel danger il représentait, de plus elle se sentait redevable du fait qu’il lui ait sauvé la vie quelques heures plus tôt.

Elle l’écouta s’énerver contre elle, restant immobile, ses Dernières paroles la firent se crisper, ses dents se serrèrent et elle se leva, debout derrière le mur protecteur :

« Pauvre imbécile, ton inconscience te fera perdre la vie et de toutes façons tu le mérites bien, je te laisse avec tes amis, en fait ça ne m’étonne pas que tu t’entendes bien avec eux, ce sont des êtres sans scrupules comme toi, débrouilles toi et crèves sans aide. »

Elle avait presque craché ces paroles avec mépris et se retourna pour faire face aux tueurs, s’élançant sur eux, sa colère lui redonnant l’énergie de les achever. Puis libérée, elle sauta de balcons en balcons pour regagner l’obscurité bienfaisante de la nuit, ses yeux subitement humides de larmes de rage contenue. Elle n’avait pas jeté un seul regard en arrière, le laissant sur le toit sans s’occuper de lui, même s’il était inconscient, c’était son problème, qu’il se débrouille.

Elle regagna la tour radio, évitant de rencontrer les autres enfants afin qu’ils n’aient pas à subir sa colère, elle les savaient non responsable de son état.

Alors que Lena partait en direction de la tour radio, Manu etait allongé sur le dos, completement affaibli, avec les idées a peine claires !

Alors qu'il tentait vainement de se redresser, une silouhaite s'approcha de lui. Dans un premier temps, il cru que Lena était revenue et la repoussa d'une vague de juron, mais a peine cette forme fut plus proche qu'il ressenti une etrange sensation, cette meme sensation qu'il avait deja ressentit au paravant.

"Bonjour Manu, tu t'es bien défoulé on dirait..."

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